Autour de ce weekend du 11 novembre, quelques moments forts en réflexion et en émotion.
Obéir / Désobéir, les mutineries de 1917 en perspective
C'était le thème du colloque que le CRID 14-18 a organisé vendredi à Craonne et samedi à Laon. Qu'est-ce que le CRID me diriez-vous ? C'est un collectif de chercheurs (Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914/1918) basé à Craonne et qui propose une vision de la guerre différente de celle professée par les Mandarins de la Première Guerre Mondiale. Ils insistent sur l'expérience combattante, sur les différentes perceptions qu'avaient les citoyens en fonction de leur origine sociale... Plus de détail sur le site du CRID
Obéir/Désobéir, une question forcément polémique qui remet en cause la thèse officielle du consentement. Mais loin d'une opposition caricaturale entre contrainte et consentement, les journées d'étude ont mis en avant tout un éventail d'attitudes entre l'obéissance et la désobéissance (voir le résumé des contributions) : obéissance forcée, stratégies d'évitement, négociation/interprétation de l'ordre, protestation... L'état-major français est bien conscient d'avoir face à lui des soldats-citoyens, habitués au processus démocratique : il réfléchit donc très tôt aux manières de forcer l'obéissance. Dans le cadre d'une comparaison européenne, il apparaît que ceux qui désobéissent (déserteurs, mutins) sont généralement moins bien intégrés dans la communauté nationale : minorités ethniques, milieux sociaux défavorisés (ex. des paysans flamands pour l'armée belge). Dans le cadre d'une comparaison avec d'autres formes de désobéissance au XXème siècle, les mutineries semblent finalement assez peu structurées, prenant des formes variées mais souvent assez proches de la simple protestation. Les mutins condamnés sont davantage des citadins (surreprésentation des Parisiens) jeunes, issus de professions intermédiaires : des personnes a priori plus politisées. Enfin, c'est devenu un lieu commun de dire que les mutineries sont un tabou de l'histoire. Et pourtant, les mutineries n'ont cessé d'être présentes dans les manuels d'histoire et dans les romans. Seulement, elles sont souvent présentées de manière rapide ou comme un décor à l'action. Cela explique qu'elles ont été mythifiées (par les pacifistes, l'extrême-gauche) sans être vraiment appréhendées de manière précise. S'il y a tabou autour des mutineries, c'est sans nul doute dans le discours politique : elles ont surgi brutalement en 1998 avec le discours de Lionel Jospin appelant à la réintégration des mutins dans notre mémoire nationale. La polémique politique a dissimulé le véritable enjeu des mutineries et aujourd'hui encore on note un clivage gauche/droite sur cette question même si ce clivage semble en voie d'atténuation.
A l'issue de ces contributions, les débat les plus vifs portaient sur l'ampleur de la répression des mutineries et plus particulièrement sur le rôle du général Pétain et sur le meilleur terme qui puisse qualifier les mutineries (mouvement social ? grève ?). Même 90 ans après, il s'agit d'un thème qui renvoie à l'émotion...
Journée du livre de la guerre 1914-1918
Journée organisée comme chaque année à Craonne. Journée pour rencontrer les chercheurs du CRID 14-18 autour de leurs bouquins, journée pour fureter du côté des bouquinistes. Cette année, l'accent a été mis sur les ouvrages à destination de la jeunesse et en particulier sur la bande dessinée.
Le 11 novembre à Craonne n'a rien d'un cérémonial pompeux et daté. L'hommage aux morts a été rendu sans tambours ni "mort pour la France". Ce fut le moment choisi par le maire de Craonne, Noël Genteur, de rappeler ce que fut l'occupation allemande à partir de septembre 1914. Une page d'histoire souvent oubliée, mais dont la mémoire s'est transmise d'une génération à l'autre à Craonne. Mémoire qui apparaît vive au regard de l'émotion suscitée par une telle évocation. Émotion forte aussi lorsque la chanson de Craonne a été reprise par l'assistance.
mardi 13 novembre 2007
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