mardi 13 mai 2008

Vers une réhabilitation des fusillés pour l'exemple ?

Le gouvernement semble réagir au vœu adopté à l'unanimité par le Conseil général de l'Aisne : son objectif reconnaître les condamnés pour l'exemple comme des soldats à part entière.

Quelle est l'intention du gouvernement ?

C'est Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, qui a repris cette idée ce week-end. Avec infiniment de prudence, voire de confusions, cependant. Il parle de réhabilitation au cas par cas pour distinguer les droits communs des mutins. Or l'expression "condamné pour l'exemple" choisie par le Conseil général indiquait bien que les "droits communs" étaient exclus.
D'autre part, le secrétaire d'Etat parle de réhabilitation et non d'une reconnaissance. Le terme de réhabilitation désigne en général une procédure judiciaire : cela conduit à ré-instruire les procès avec la possibilité d'une éventuelle indemnisation.
Est-ce que ce sont des approximations ? Ou bien l'approche envisagée par le gouvernement est-elle différente de celle du Conseil général ? Dans ce cas-là, cela irait à rebours du refus de repentance proclamé haut et fort par Nicolas Sarkozy.

Tirs croisés des "Spécialistes de la Grande Guerre"

L'affaire suit donc une évolution encourageante : les commémorations du 11 novembre devraient faire une place aux fusillés pour l'exemple, contrairement à ce que préconisait Jean-Jacques Becker dans sa leçon de morale introduisant son rapport. Il ne faut pas croire pour autant que les historiens de "l'Ecole de Péronne" aient évolué sur cette question comme le prouve cette intervention de Jean-Jacques Becker dans le Journal du Dimanche :
"De quoi se mêle le conseil général de l'Aisne ?" demande-t-il. La notion même d'exemplarité des condamnations lui semble discutable: "Ces soldats ont été jugés par les tribunaux militaires, il y a sans doute eu des erreurs judiciaires mais la forme a été respectée. Il serait faux de dire qu'ils n'étaient coupables de rien."

Quant à Stéphane Audouin-Rouzeau, il pensait (France-Info le 16 avril 2008) que tous les fusillés étaient déjà réhabilités ! C'est évidemment faux, d'après N. Offenstadt, un tiers des procès de fusillés environ ont été instruits de nouveau après la guerre. Les autres condamnés n'ont pas été réhabilités.

Conclusion de tout cela : les historiens de "Péronne" s'arcboutent et réécrivent l'histoire. Heureusement pour eux, ils ont les faveurs des grands médias qui ne connaissent que les Becker et Audouin-Rouzeau comme "Spécialistes de la Grande Guerre". Ce n'est pas grave s'ils n'ont jamais travaillé sur les fusillés. Ce n'est pas grave s'ils ne connaissent pas grand-chose sur cette question...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L’ANGLETERRE L’A FAIT POURQUOI PAS LA FRANCE ?

Je pense qu'il est temps de réhabiliter ou de réintégrer dans la mémoire collective ces pauvres types qui ont été, pour la plupart, injustement exécutés.
Je viens de terminer un roman qui traite du quotidien de ces hommes (LES BLESSURES DE L'AME) J’ai voulu aborder des sujets qui me révoltent et mettre en avant le fait que bien souvent des vies auraient pu être épargnées.
Nos généraux ont consommé sans modération dans des offensives suicidaires, des milliers d’hommes sont morts sur le terrain par manque de soins, d’autres ont été exécutés juste pour l’exemple …
Le débat concernant les « mutins » de 1917 et plus largement les fusillés pour l’exemple oppose toujours la classe politique. L’Angleterre a réhabilité l’ensemble de ses soldats victimes de ces parodies de procès, alors pourquoi pas la France ?
Ces hommes n'étaient pas plus coupables que leurs voisins de tranchée, ils ont bien souvent été tirés au sort juste pour l'exemple suite à des offensives qui ont échoué, non pas à cause de ces pauvres types mais bien souvent à cause de l'incompétence de l’état-major.

Eric Viot